lundi 15 avril 2013

Trail des gypaètes en image

Départ à Anclade
Première montée au pic du Jer
Panorama sur Lourdes au sommet du pic du Jer. A gauche la gare du téléphérique du Béout, deuxième étape.
Au fond le Pibeste et la chaine des Pyrénées
Ravitaillement à la gare inférieure du funiculaire
On traverse Lourdes et remontée de l'autre côté. En face, le pic du Jer.
Lapiaz au sommet du Béout
Lourdes vue du Béout
Sommet du Béout. En bas, Ségus, deuxième ravitaillement.
Lourdes et le pic du Jer, vus du sommet du Pibeste
Le Vignemale enneigé
L'inconvénient de porter plusieurs casquette, c'est qu'à mi-course, il faut troquer le maillot bleu Mille pattes par le vert Ultr'Amical.
Vallée d'Argelès vue du Pibeste
Descente du Pibeste

Pour finir, 700 m de D- en 5 km pour bien façonner les cuisses.

vendredi 12 avril 2013

Trail des gypaètes

Dimanche, je suis partant pour le trail des gypaètes, un trail de 32 km entre Lourdes et Argelès-Gazost.
Trois difficultés au programme : le pic du Jer (et pas par le funiculaire),


Le Béout (sans son téléphérique),
Et pour finir, le Pibeste à 1349 m suivi d'une longue descente jusqu'à Argelès.



jeudi 11 avril 2013

TDS 2012


Huit mois déjà depuis la TDS 2012. Il est temps de revenir sur terre pour écrire quelques lignes sur ce qui a sans conteste été la course la plus difficile de ma carrière encore modeste de traileur.

Jeudi 30 août 3 heures du matin. Pas besoin de réveil ce matin-là, cela fait une bonne heure que j'ai l'œil bien ouvert; pas besoin non plus d'aller dehors pour voir le temps qu'il fait : il tombe des cordes depuis deux heures, et le bruit de la pluie sur la tente ne facilite pas le sommeil.
Un rapide petit déjeuner, le plein des bidons et en route pour Chamonix avec Thierry et Guy qui ont tenu à m'accompagner jusqu'au départ. Nous montons dans les navettes pour Courmayeur qui nous déposent à Dolonne devant le centre sportif qui sert de base-vie pour l'UTMB. La salle n'est pas ouverte, et nous attendons assis sur les marches avant de remonter à pied au centre ville. J'ai retrouvé Ludo qui prenait la navette d'après. La pluie s'est arrêtée mais le temps reste très couvert.

Avec Ludo, au départ
Courmayeur – La Thuile - km 21,2
A 7 heures, c'est le départ beaucoup moins spectaculaire que celui de l'UTMB à Chamonix.
Un petit tour dans les rues de Courmayeur et c'est le début de la montée sur les pistes de ski, en direction de Maison Vieille. Le parcours n'est pas particulièrement beau, suivant une large piste de ski.
Montée au dessus de Courmayeur
Nous arrivons au col Chécrouit, premier ravitaillement et il se remet à pleuvoir, il faut sortir la veste qui ne me quittera plus jusqu'à l'arrivée. Le parcours devient plus intéressant, en mono-trace, mais il y a encore beaucoup de monde et la montée se fait en file indienne.
Le col de la Youlaz est un gigantesque embouteillage, le sentier serpentant dans un éboulis de schiste très raide ne permet pas de doubler et la montée se fait pas à pas sous une pluie fine bien glacée. J'ai très froid, mais je n'ai pas envie de m'arrêter pour ne pas perdre ma place dans la file.

Montée au col de la Youlaz

J'arrive enfin au col à 10h24, pas loin de 3h30 pour parcourir 11 km, un record de lenteur. Je stoppe quelques minutes le temps d'enfiler une polaire sous la veste, de vider le sac à la recherche infructueuse des gants chauds oubliés sur mon duvet dans la tente, puis enchaîne la descente de 10 km jusqu'à La Thuile. Je retrouve Thierry et Guy qui m'encouragent au passage.
Un arrêt minimum au ravitaillement dans une salle bruyante et surchauffée puis direction le col du Petit Saint Bernard.

La Thuile – Bourg Saint Maurice - km 44,3
Le parcours se fait d'abord sur une portion de route dont on coupe régulièrement les lacets puis sur un chemin herbeux agréable. Il ne pleut plus, mais le temps reste très bouché et menaçant.
Juste en dessous du col, le tracé a été modifié pour éviter la route, le passage se faisant sur la rive ouest du lac Verney avec une remontée droit dans une pente juste défrichée dans les rhododendrons.
Lac Verney et dernière montée avant le petit Saint Bernard
Au col, le vent est très violent, le ravitaillement glacial. J'avale un coca et continue ma route. Le passage du col est totalement dans les nuages, dommage pour les photos.
Encore 11 km de belle descente jusqu'à Seez suivis de 3km interminables de plat en fond de vallée pour gagner Bourg Saint Maurice.
15h50 à Bourg Saint Maurice, le ravitaillement est tout petit, les quelques places assises inabordables. Debout, j'avale un coca, une soupe, un bout de banane et décide de ne pas m'attarder ce que je regretterai plus tard. Je suis d'ailleurs tellement pressé de partir que j'oublie également de remplir mes deux bidons et que je ferai la montée avec ½ litre seulement.
A la sortie du ravitaillement, il y a un contrôle du matériel obligatoire, il faut vider les sacs. Comme gants chauds et imperméables, je n'ai que mes gants de VTT à doigts coupés et les surmoufles Raidlight vendues comme imperméables et totalement trempées. Je présente tout le reste du matériel obligatoire et réussis à enfumer le contrôleur qui me laisse passer, mais je ne suis pas très fier de cet oubli impardonnable sur ce type d'épreuve.

Bourg Saint Maurice – Cormet de Roseland - km 60,3
A 16 heures, je repars sous un rayon de soleil, le seul de cette course. Une traversée assez surréaliste de la ville en zigzaguant dans la rue piétonne entre les passants étonnés.
Les commentaires affirment que la TDS ne commence vraiment qu'à Bourg Saint Maurice, je comprend très vite pourquoi : Le tracé quitte la ville pour une interminable montée de 1600 m de dénivelé pour seulement 9 km qui va m'occuper jusqu'à la nuit.
Montée au fort du Truc
Je commence à accuser une grosse fatigue et j'ai l'impression d'avancer au ralenti dans la pente. Les quelques coureurs qui m'entourent n'ont pas l'air au mieux de leur forme, ça me rassure un peu.
Monter, toujours monter. Au fort de la Platte, j'ai une brève lueur d'espoir, la pente s'adoucit un peu, mais c'est pour mieux repartir vers la col de la Forclaz. Je n'ai plus une goutte d'eau et le ravitaillement est encore bien loin.

J'arrive enfin au passeur de Pralognan à 20h18 avec seulement 40 minutes de retard sur mes prévisions.
La nuit commence à tomber, la pluie revient et la température baisse de plusieurs degrés surtout que nous sommes à plus de 2500 m d'altitude.
La descente de l'autre côté est très technique avec une première partie délicate dans un sentier hérissé de pierres glissantes mouillées par la pluie et tapissées de boue par les coureurs précédents, sécurisé par une corde à certains endroits. Mieux vaut être très prudent pour ne pas redescendre très très vite au fond de la vallée.
La descente reste toujours aussi raide, mais le terrain s'améliore permettant de recourir un peu.
Il fait de plus en plus sombre, mais par lassitude, je n'ai pas sorti ma frontale. Au bout de trois chutes de plus en plus douloureuses, je retrouve la raison et me décide enfin à m'arrêter pour chercher ma lampe. Je mets un temps fou à la retrouver dans le noir presque complet et avec les doigts complètement raidis par le froid.
Je copierai 30 fois « il faut toujours s 'arrêter quand on voit encore clair pour chercher quelque chose dans son sac »
Le temps ne s'améliore pas, la pluie tombe de plus en plus fort et le froid devient vraiment intense.
La lumière améliore bien la vitesse de progression, mais le manque de boisson et d'alimentation se fait durement sentir. Je suis incapable d'empêcher mes dents de claquer tellement j'ai froid. Il n'y a que 5 km jusqu'au Cormet de Roseland, mais ils seront les plus éprouvants. Pas question de s'arrêter, je n'ai plus qu'une idée en tête : arriver le plus vite possible au ravitaillement.

Le ravitaillement au Cormet de Roseland tient de la cour des miracles, il n'y a pas un espace libre et règle une effervescence tout à fait inhabituelle que je ne comprendrai que le lendemain à l'arrivée : 497 concurrents ont abandonné ici.
Il y a des coureurs transformés en zombies, hagards, le regard fixe, avachis sur les tables, d'autres transforment des couvertures de survie en tee-shirts supplémentaires. J'essaye de boire un peu de coca en en renversant la moitié tellement je tremble de partout. Je renouvelle l'expérience avec un bol de soupe qui me réchauffe un peu les mains. Je n'ai pas le temps de réagir que la soupe et ses haricots se retrouvent sur le sol de la tente. Je réussis quand même à sortir à temps pour vomir le reste à l'extérieur. L'avantage, c'est qu'à partir de maintenant, je vais gagner du temps sur les ravitaillements.
Je m'avachis sur un banc, sors tous mes vêtements de rechange du sac à dos et les enfile les uns sur les autres. Avec 5 couches, les grelottements finissent par céder, puis une douce somnolence m'envahit. L'endroit est mortel, il faut partir de suite.

Cormet de Roseland – col du Joly - km 79,2
Du Cormet de Roseland au col du Joly, je suis entré dans un trou noir qui a figé le temps et je n'ai plus qu'un souvenir confus de longues semaines de marche seul dans la nuit.
Marcher, toujours marcher sur un chemin désert avec pour seuls repères le reflet de quelques frontales toujours si loin au dessus de moi dans la montée du col de la Sauce.
Je me souviens d'un banc à la Sausse sur lequel j'essaye de m'assoupir quelque minutes, en vain, il fait trop froid.
Je me souviens d'un surprenant névé coupant le chemin avant La Gitte, d'une longue errance sur un flanc de montagne désertique, puis brusquement, au détour d'un crête d'une traversée d'un troupeau de vaches placides qui squattent l'arrivée d'un télésiège.
Le vent ramène par bouffées quelques échos de musique : la civilisation est proche, donc le ravitaillement.
Je me vautre sur le premier banc dans l'entrée et reste là inerte, incapable d'aller plus loin. Évidemment un secouriste me tombe sur le poil en me demandant si ça va.
Bien sûr, tout va bien : je suis totalement épuisé, complètement gelé, ça fait 6 heures que je n'ai rien avalé à cause des vomissements et il reste encore 35 km avant l'arrivée. Enfin je ne lui parle que des vomissements puisqu'il me rapporte un vogalène et un verre de coca. Je réussis à avaler et garder les deux, il y a du progrès.
Je retrouve Jean-Camille que je croyais loin devant et qui a fait ici une pause longue. Il ne semble pas très chaud pour continuer, mais il est hors de question d'abandonner et il se laisse facilement convaincre de reprendre la route.

Col du Joly – Chamonix - km 111,9
Il est 4h20, le jour va se lever dans 1h et le parcours est en descente, le moral est au beau fixe. Le passage à Notre Dame de la Gorge nous booste encore davantage car nous connaissons bien l'endroit situé sur le parcours de l'UTMB. Aux Contamines, nous faisons un bref arrêt au ravitaillement, le jour se lève sur la dernière partie du trajet.
Nous avalons les 500 m de dénivelé positif pour les chalets du Truc sans presque nous en rendre compte. Il commence à neiger, et de plus en plus en montant au col de Tricot.

Nous sommes complètement gelés en arrivant en haut, mais le jour et la proximité du but ont changé la donne et nous savons maintenant que nous irons au bout.


Nous dévalons la descente du col de Tricot à toute allure, droit dans la pente et dans la neige fraîche en doublant pas mal de coureurs évoluant au ralenti. Même sur les quelques kilomètres de route avant les Houches, nous arrivons à courir sans arrêt, ayant retrouvé un second souffle. Par contre, les huit derniers kilomètres nous paraissent bien longs, le chemin horizontal est parsemé de petites côtes d'au moins deux mètres de dénivelé qui semblent des murs et nous obligent à marcher.
A l'arrivée dans Chamonix, les applaudissement des spectateurs fort nombreux en cette fin de matinée nous contraignent à adopter une foulée certes peu aérienne, mais foulée quand même, accompagnée d'un sourire béat jusqu'au passage de la ligne d'arrivée que nous franchissons à 12h28. Mission accomplie.


Quelles conclusions tirer de cette aventure :
- Même après plusieurs années de pratique, il est facile de commettre des erreurs de débutant comme oublier ses gants ou ne pas remplir ses bidons au ravitaillement.
- Je n'ai toujours pas résolu mes problèmes d'alimentation récurrents dès que la distance dépasse 60 km et même si j'ai une bonne capacité d'évoluer en totale autonomie sur une course de deux jours, le résultat ne sera peut-être pas le même sur une semaine à la PTL.
- Mes estimations de temps ne sont pas trop mauvaises, puisque exactes de Courmayeur à Bourg Saint Maurice et du col du Joly à Chamonix. Le retard de trois heures (sur 29h30 de trajet) est dû aux condition extrêmes entre le Passeur de Pralognan et le col du Joly. De toute façon, comme disait Pierre Dac, les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.